• Ma mémé

     

     

    Ma mémé

     


     

     Ma mémé au temps de ma petite enfance ( l'écrivain ayant 75ans, faites le calcul! )

     

     

    Elle s'appelait Marie, comme beaucoup de femmes à cette époque, née en 1894 dans un petit village de Gâtine dans le Poitou. Elle quitta l'école à 10ans pour aller  " en journée " et " se gager " dans les fermes des environs.A 12ans , elle lavait le linge des autres . je vous explique ce que voulait dire laver le linge à cette époque. Eté comme hiver, elle emmenait le linge " de couleur " et le linge " blanc " ( bouilli dans une grande lessiveuse pendant plusieurs heures sur un "gourgandin "( un poêle où on brulait de la sciure pour faire du feu ) dans une brouette et faisait 2kms à pieds  (imaginez le poids du linge mouillé et une petite bonne femme de 12ans )jusqu'à un " doué " ( lavoir).La guerre de 14-18 la laissa veuve à 29ans avec 3 jeunes enfants (elle n'était pas la seule dans ce cas,c'était même l'ordinaire ). Voilà pour  vous cibler un peu ma mémé et nous allons continuer maintenant à partir du moment où je me souviens d'elle , donc  à partir de mes 7 ou 8 ans.

     

    Je l'ai rarement vue de mauvaise humeur, toujours à travailler, à s'occuper du matin au soir. Elle s'occupait beaucoup de ma grande soeur  et moi (nous avions 1 an de différence ), ma maman très fatiguée ayant eu la tuberculose ( on en  mourait souvent à cette époque vers 1945) et mon papa était prisonnier de guerre  en autriche.( je n'ai pas l'intention de faire  mon Victor Hugo ni faire pitié, c'est l'exacte vérité ).C'est sans-doute pour toute cette vie difficile que j'ai toujours un grand élan d'amour envers elle même après tant d'années qu'elle nous a quitté.

    Je vais vous raconter nos petits souvenirs et nos simples vies de tous les jours en reprenant mon article sur le tablier de ma grand- mère,un autre article fait sur mon ancien blog  . Ce tablier ,elle l'avait toujours sur elle je la revois donnant à manger dans la cour aux poules à nos petites " pompettes "(petites poules naines ).Dans sa " dorne " (fond de son tablier ) elle mettait des grains de blés et avec sa main droite elle les lançait dans la cour en appelant  " pti,pti,pti,  Son tablier lui servait à ramener des bûches de bois du " serre-bois "( sorte de grenier où on entassait le bois  à brûler dans la cheminée ). Plus-tard, quand elle eut la joie de connaître sa première arrière-arrière petite-fille (une Marie aussi , MA petite-fille, 33ans  ),elle la calait dans sa "dorne " et la faisait sauter en l'air ( on était quand-même à côté pour rattraper la gamine au cas où ,car mémé se faisait déjà vieille, mais elles étaient si heureuses nos 2 Maries ! ).

    Quittons le tablier pour des travaux d'aiguilles . La laine dans les années 48-50 se vendait en écheveau .Pour en faire une pelote,mémé me mettait l'écheveau entre les deux poignets et mes mains faisaient tourner l'écheveau pour qu'elle façonne une pelote  (vous saisissez?, hum ! ). On teignait nous-même la laine dans des grandes bassines (le résultat n'était pas merveileux, il y avait beaucoup de linge déteint à cette époque et la laine " feutrait "!) Elle m'a appris à tricoter des chaussettes sur  4 aiguilles ( on forme le talon sans aucune couture, un exploit pour mamylette ( dire que je  n'arrive même plus à faire une brassière de bébé pour mes arrières-petits-enfants qui ait la forme d'une brassière, quelle honte quand on a été une " cousette " à 8 ans! )

    A cette époque également, j'ai souvent accompagné mémé au " doué "( lavoir ), toujours le même à 2kms de chez nous, par plaisir car l'ambiance me plaisait, c'était  le parloir de ces dames, on savait toutes les nouvelles du pays, ça jacassait  et ça riait  tout en lavant.J'avais ma petite brouette ( 3fois rien dedans! ),mon  petit garde-genou (pour s'agenouiller au bord du lavoir et ne pas se mouiller), mon petit " batou " (pour taper le linge au lieu de le frotter ). Vu de loin maintenant je pense que j'adorais suivre surtout ma mémé partout.

    Des souvenirs, j'en ai à la pelle . Je viens de me faire un grand plaisir en me remémorant ma petite-enfance.Ce ne sont que de bons et sains souvenirs emplis de tendresse .Si sa jeunesse a été très éprouvée , sa vieillesse a été comblée de bonheur , entourée de ses petits, arrières, arrières -arrières petits-enfants. Elle nous a quitté à l'aube de ses 98ans .

    Bisous de nous tous Mémé!

     

            

     

     

     le lavoir de la Boutone à Chantemerle où mémé allait laver notre linge ( années 1945/50 )

    Ma mémé
    le lavoir
               Ma mémé
    Ma mémé
    Ma mémé

    Ma mémé

     
     
     
     
     
     
     
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  • Commentaires

    1
    Mardi 14 Juin 2016 à 20:02
    Bonsoir Mamylette Quel tendre et doux billet , merci de nous plonger dans tes souvenirs . La photo est superbe , vous êtes toutes et tous superbes . Comme tes cheveux sont beaux waouuuu de belles anglaises , trop choux . Je te souhaite une très bonne soirée. De gros bisous
    2
    Mardi 14 Juin 2016 à 20:21

     

     Nous avons tous une, voir deux, mémés dans notre coeur , J'ai connu mon arrière grand-mère  qui comme beaucoup trop d'autres malheureusement , a vu  son mari et 2 de ses fils disparaître en 1914.... elle a fait" tourner "la ferme  jusqu'à la génération suivante ....

     

      Elle avait  gardé  jusqu'à 100ans  une dynamique  extraordinaire..

     

     Souvenir... souvenir

     

    Merci

     

    Bonne journée

     

    Amitié

     

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    3
    Mardi 14 Juin 2016 à 21:02

    C'était la vie de l'époque.mes deux grands mères Corses,n'avaient pas l'eau courante à la maison en 1945, elles allaient elles aussi au lavoir et tenaient leurs maisons et leurs jardins.....Le village était en cul de sac et il y avait une vulgaire piste en terre qui le desservait. Quand on raconte cela à nos petits enfants ils rigolent....

    Gardons nos beaux souvenirs mamylette

    Bonne soirée.

      • Mercredi 15 Juin 2016 à 09:01

        bien sûr pas d'eau courante non plus , on allait à la pompe du village et mémé ramenait des brocs d'eau très lourds  . eOn buvait et se lavait les mains à la " coussotte ". pour moi ce sont de bons souvenirs, je pense que pour elle c'était naturel, elle ne connaissait pas autre chose.

    4
    Mardi 14 Juin 2016 à 21:19

    Super, ce petit article plein de tendresse !!! Vous m'avez rappelé que ma mémé (mémé Génie l'appelait-on), m'a aussi montré pour les chaussettes à 4 aiguilles. Je me souviens qu'à chaque changement d'aiguille, je l'appelais au secours... Moments inoubliables pour nous tous effectivement. Bravo à ces SUPER MEMES...

      • Mercredi 15 Juin 2016 à 08:58

        j'ai entendu parler de mémé Genie , et mamie marie-louise donc! on s'entendait bien toutes les 2.

         bises  et bon courage, prends soin de toi, n'en fais pas trop.

    5
    Mercredi 15 Juin 2016 à 10:05

    Je suis émue de tous ces souvenirs et surtout du portrait de mémé qui était souvent le lot de beaucoup de femmes de ce temps, mais peut-être pas si doux au souvenir!

    Ce que tu dis là, mamylette, c'est l'image un peu de ma maman, dont les circonstances, à 13 ans de différence, ne sont pas faciles non plus.  Arrivée en France en 1939, mari immédiatement prisonnier en Allemagne, 4 ans prisonnier, peu de ressources, pas de connaissances, la dureté de la vie, je l'ai connue, mais elle, bien plus!

    voilà, les souvenirs sont à la fois doux et tristes, ce sont les tiens, ce sont les miens!

    Bises

    Gigi

      • Mercredi 15 Juin 2016 à 18:15

        ma mère  a subi le même sort que ta maman en 39, mari prisonnier pendant 5 ans, père revenu pour la naissance de ma grande soeur, reparti  en autriche pendant 4ans,j'avais 3ans quand il m'a connu, il ne savait pas qu'il avait fait une autre fille à sa permission pour la naissance de l'ainée.pendant son absence,maman attrappe la tuberculose 1 an après ma naissance ( elle a failli mourir, ça ne se soignait pas à cette époque ), trop fragile pour s'occupper de ses filles, c'est ma mémé qui heureusement vivait à la campagne avec mes parents qui nous élevées ma soeur et moi. te dire comme on l' aimé notre mémé , elle ne se plaignait jamais,  elle aimait rire ,et nous a gâtée avec ce qu'elle pouvait , on manquait de beaucoup de choses pourtant.

        nous sommes certainement pas les seules qui avons vécu cette époque.

         bises Gigi

    6
    Mercredi 15 Juin 2016 à 10:38

    Quel doux billet plein de tendresse ma Mamylette pour ta "Mémé" et tu étais bien mignonne sur le cliché avec tes cheveux en anglaise et ton joli petit noeud.

    Maman me mettait elle aussi toujours des petits noeuds dans ma longue chevelure noire, associé à mes petites robes lol lol

    Pour le lavoir, j'ai un peu profiter de ces "papotages au lavoir"....avec ma grand-mère paternelle trop vite disparue pour moi, j'avais neuf ans. Quand j'allais passer des vacances chez elle, je la suivais partout moi petite citadine, je découvrai toute une vie tellement différente de la mienne. C'était ma marraine d'ailleurs je porte un de ses noms en troisième position... le deuxième étant celui de mon parrain féminisée - grand-père maternel ...

    J'aimais beaucoup cette petite séance lavoir, tout ce que tu décris et une jolie fontaine où l'eau était si fraîche.

    Merci Mamylette , nous avons tous besoin de ces merveilleux souvenirs .

    Bonne journée à toi et bisous, bisous de Christiane

    7
    Mercredi 15 Juin 2016 à 17:16

    Wouahhhhh Souvenirs inoubliables de Mémé Marie !!!!...... :)))))

     

      • Mercredi 15 Juin 2016 à 18:18

        tu te rappelles de l'Aujardière ? pas toujours facile mémé

    8
    Jacques D
    Mercredi 15 Juin 2016 à 23:45

    Bonjour Mamylette,

    C'est avec émotion que j'ai lu ce bel hommage à ta grand-mère car la vie de cette femme ressemble un peu à celle de ma grand-mère paternelle. C'était une femme admirable qui a élevé onze enfants et partiellement plusieurs petits-enfants dont moi. Placée comme bonne à l'âge de douze ans, je crois qu'elle n'a jamais connu le bonheur et elle ignorait la souffrance, du moins elle ne se plaignait jamais. En 1915, mon grand-père s'est trouvé dans les combats de la Somme et gravement blessé il a été démobilisé en 1916. N'ayant pas d'instruction, pas d'argent, il est entré aux chemins de fer comme manoeuvre. Le couple a réussi à acquérir une maison et a donné une situation à leurs enfants. En 1945, j'avais 8 ans, mon grand-père travaillait de nuit et il partait l'après-midi dans son grand jardin pour nourrir la famille. Ils avaient quelques poules et des lapins. Il n'y avait pas de salle de bains et c'est en fin de semaine que chacun prenait un bain dans une grande bassine. Les WC était au fond du jardin et le papier toilette était du papier journal. Une grande pièce aux poutres enfumées par les caprice d'une cheminée, était la pièce de vie en dehors des chambres. Seuls luxes, un poste de TSF et l'almanach Vermot. Une cuisinière à charbon servait à la cuisine et donnait de l'eau chaude. Un fil de fer tendu en bout de pièce où des chaussettes,pantalons et chemises jouaient les lampions de fête. L'évier martyrisé par des générations de casseroles et de marmites en fonte, recevait l'eau de la ville par le seul robinet de la maison. Mon grand-père est décédé en 1946 et ma grand-mère en 1965. Ma chère grand-mère, toi qui a été placée très jeune comme domestique et qui n'a pas fréquenté l'école, descend un instant pour entendre l'ovation de tes petits-enfants et admirer ton arrière-arrière petit-fils, docteur en physique nucléaire, plus jeune maître de conférence de France.

    Grosses bises.

      • quedublablabla
        Jeudi 16 Juin 2016 à 09:15

        je me retrouve dans chaque mot de ton com et mon émotion est forte en te lisant.ce sont des souvenirs assez triste s sur nos mémés qui n'ont pas été gâtées par la vie et pourtant bien doux sentimentalement, ils nous ont apporté et laissé tant de choses tout au long de notre vie. sans vouloir me vanter ni l'espérer, je crois que mes petits-enfants et arrières-petits-enfants se souviendront ( d'une autre façon car les problèmes d'aujourd'hui ne sont pas les mêmes que d'antan, bien que pas faciles à vivre parfois ) de nous, ne serait-ce que pour tout l'amour que nous leur avons donné ( et qui nous le rendent bien ).

        je t'embrasse, prends soin de toi, nous devenons des êtres fragiles avec l'âge.

    9
    Jeudi 16 Juin 2016 à 14:05

    C'est fou comme ta Mémé ressemble à ma Mémère !! On dirait des jumelles !

    Biiiiizzzz Mamy !

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